AULAS
De la route neuve ou route de Mandagout, et plus particulièrement au croisement de cette route avec le vieux chemin du Vigan on découvre la commune d 'Aulas dans toute son étendue.
- Du confluent de la rivière de la Bréaunèze avec le ruisseau du Coudoulous.
- Au confluent du même Coudoulous avec le valat de la Bréaunèze à droite
- Au confluent avec le valat de Balquinet à droite.
La forme de la commune affecte celle d'un triangle dont la pointe serait en aval et la base en amont à la limite de la commune d'Arphy. Elle est coincée entre celle de Bréau à droite et la commune du Vigan et d'Avèze à gauche en redescendant le ruisseau.
La superficie est de 280 ha 66 a 97 ca. Le Coudoulous torrent impétueux draine les eaux de la commune et reçoit :
- sur sa droite, les valats de Bouscaresses, de Brusquette et du Mas Bousquet.
- sur sa gauche, le valat de Balquinet, de Courlabet et de Canyssonne.
C'est à partir d'Aulas que la vallée s'élargit :
- les prairies occupent plus de 22 ha
- les châtaigniers plus de 17 ha
- les vignes plus de 16 ha
- les oliviers plus de 5 h
(à noter que nous sommes à la limite d'altitude de cette culture)
- les taillis châtaigniers plus de 89 ha
- les landes plus de 65 ha
La culture souffre de la dépopulation et de la mévente de certains produits.
Un arbre qui autrefois occupait beaucoup de place disparaît peu à peu, à savoir le pommier.
De notre belvédère, vous remarquez que la population est groupée. Les hameaux et les maisons seules, de style sobre, sont rares.
Nous avons les hameaux de Clapices, les Courrèges, le Pré, le Mas Rouget, Lascours, Courlabet, Barbelle, Balquinet.
Durant cette période ce sont surtout les Causses avec leurs grottes et cavernes qui ont donné les principaux habitats car les oppida (maisons) néolithiques sont plutôt sur le calcaire.
A l'âge du Fer, le territoire de Volkes, qui comprenait 24 "page" ou pays, avait Nemausus (Nîmes) pour capitale. Parmi les oppida, le plus important était Vindomagus dans lequel certains historiens ont voulu voir le Vigan.
Y avait-il un oppidum à Aulas ? En 122 le pays des Volkes fut occupé par les Romains et devint la Gaulle Narbonnaise. La région du Vigan formait le pagus Arisitensis, du nom de la rivière de l'Arre, avec la source d'lsis. S'il y avait un oppidum à Aulas il faisait partie de ce Pagus.
Au IVe siècle le pays fut christianisé. A partir du V° siècle, la violence et la barbarie s'installent et la population de la plaine se réfugie alors dans les Cévennes. La région est soumise aux Rois Wisigoths. Le pays viganais va former une sorte de marche à la pointe des possessions mérovingiennes.
Au début du VIe siècle, on note la création de l'évéché d'Arisitum, dont l'apparition et l'étendue ont soulevé des controverses. Il semblerait qu'il se confond avec le Pagus Arisitensis, à savoir ce que deviendra au X° siècle le pays d'Hierle.
Le Vicatia Arisdiensis, avait un siège dont l'emplacement est discuté et que F. Tessier, place en bon fils à Aulas.
Au temps des Carolingiens, la région du Vigan que nous connaissons par les Cartullaires de Nîmes, Conques et Gellone permettent d'y comprendre Sumène, Roquedur, et Aulas.
Celle-ci relevait de la couronne et était l'ancienne Vicaria Arisiensis, elle comprenait 22 paroisses et 12 châteaux dont Roquedur, Sumène, St Laurent, Vissec, Madière, Campestre, Aulas.
Aulas comprenait 4 agglomérations, consulats ou paroisses.: Aulas, Arphy, Bréau et Bréaunège.
La Bréaunège comprenait : le Bruel, Serres, Salagosse, Lars etc... Aulas que l'on trouve mentionné dans de vieux documents de 1001 sous le nom d'Aulacio, puis d'Aulactc, de Avolacium, Aulacium d'où vient Aulas fut après Roquedur le siège de la Baronnie d'Hierle et portait fièrement le titre de ville d'Alas, droit qu'elle conservera jusqu'après la Révolution.
Au début du 12e siècle la seigneurie appartient à la puissante maison d'Anduze, les Bermond, mais, suivant les Comtes de Toulouse dans le catharisme, après la défaite des Albigeois la Baronnerie fut retirée aux Bermond et les châteaux détruits (Roquedur, Caladon, Esparon).
Pierre Bermond fini par obtenir la grâce de St Louis, qui en 1243 par ordre signé à Joppe en Palestine, lui rendait en partie ses biens. Roquedur étant détruit le siège de la baronnerie est, de ce fait, transfèré à Aulas et dès 1275 Guillaume d'Anduze accorda aux habitants d'Aulas de nombreuses franchises moyennant 6000 livres tournois.
En 1280, les Bermond cèdent leurs terres à Pons de St Just, évêque de Béziers pour 8500 livres. Les héritiers de 1' évêque Bernard de Saint Just, en firent hommage à Phillipe le Bel.
En 1293, Gilbert de Peirefort l'acquiert à son tour. Puis Fulcrand de Montfaucon du Vigan, dont la famille était originaire de Vissec et dont les descendants portaient le titre du marquis de Vissec, l'acquit 1541.
Le dernier baron d'Hierle mourut en 1747, sans postérité "léguant" tout à sa femme. Après la mort de la marquise, c'est le marquis de la Tour du Pin qui en hérite et le gardera jusqu'à la Révolution.
Cette baronnie fit partie de la Viguerie du Vigan.
En 1270, le Vigan était devenue ville royale et possédait un juge royal ou viguier. A la fin du 14 ème siècle la viguerie du Vigan - Meyrueis est définitivement constituée et rattachée à la sénéchaussée de Beaucaire, et ensuite de Nîmes. Elle comprenait 33 communes, à savoir Meyrueis, le Vigan, Sumène, Valleraugue, Aulas...
Le Vigan va prendre le pas sur Aulas et sera le centre administratif et religieux jusqu'en 1790.
Au moment de la création des départements, Aulas devient chef lieu de canton du district du Vigan avec juridiction sur les communes de Bréau, Arphy, Mars, Molières, Bez, Esparon. Elle possédait toujours le titre de ville d'Aulas et avait ses armoiries. Cet avantage lui fit retiré plus tard par la réduction du nombre de cantons.
"Cahier de doléances et remontrances de la ville d'Aulas dressé par l'Assemblée Générale qui s'est tenue le 8 mars 1789, en son hôtel de Ville, convoquée au son de cloche, présidant Monsieur le Juge de la Baronnie d'Hierle.
1° Égalité d'imposition sur les trois ordres, sans distinction de personnes ou de biens, avec abolition du droit de Franc Fief.
2° Que les impôts soient répartis en proportion de l'aisance.
3° Qu'en répartissant les impositions, on prenne en considération les fonds qui ne produisent que par industrie, comme ceux des Cévennes.
4° Nouvelle constitution des États du Languedoc.
5° Réformation du Code Civil et Criminel.
6° Abolition de la milice par le sort, les communautés chargées de fournir des hommes aux dépends des trois ordres.
7° Rejeter sur les objets de luxe ou de futilité, sans pourtant donner atteinte au commerce, les impôts assis sur les denrées de première nécessité.
8° Déduire de la dîme les semences, tailles, censives et cultures : les fruits ne consistent suivant le droit, qu'en ce qui reste du net, cela déduit.
9° Résidence des évêques et des archevêques, à moins de dispense du Roi, réduire leurs revenus à vingt et quinze mille livres, le surplus appliqué à l'honoraire des curés et vicaires, qui, de ce fait, desservent les bénéfices des évêques, et abolir tout casuel, ainsi que tout droit de logement, parce que cela est une source de divisions continuelles, de procès entre les pariteurs et les paroisses.
10° Rapprocher les tribunaux des justiciables, réduire les degrés de juridiction à deux, et accorder aux personnes jugées, la souveraineté jusqu'à 100 livres, en jugeant avec nombres de juges.
11° Réduction de tous les corps religieux à un ordre unique, répandu jusque dans les petites villes et bourgs, et les appliquer à l'institution de la jeunesse, même opération à peu près pour les religieuses. Les v¦ux réduits a six ans sauf à les renouveler.
Par cet ordre, les secours de l'institution gratuite seront étendus aux pères de famille des petits lieux, et les revenus de l'Eglise seront utilisés par des descendants de ceux, qui dans les temps d'ignorance se sont dépouillés pour elle.
L'excédent des revenus desdites maisons religieuses appliqué à l'Etat, ainsi que ceux (les revenus) des bénéfices simples à supprimer par mort des titulaires actuels.
12° Réformer le tarif du contrôle, pour procurer plus d'égalité dans la taxe, entre le pauvre et le riche, et plus de facilité dans la perception, afin qu'il n'y ait pas autant d'arbitraire qu'il y en a !
Abolir l'art. 2 de l'arrêt du 11/11/1767 qui, en bornant à deux ans le recours des contrôleurs contre les parties, le porte même, et involontairement, à aggraver la perception des droits."
Alors que dans beaucoup de localités, on se contente d'adhérer purement et simplement aux revendications présentées dans le cahier du Vigan, les aulasiens, eux, tinrent à s'exprimer. Leurs souhaits sont, dans l'ensemble ceux manifestés par le Tiers-Etat : égalité des droits des trois ordres devant l'impôt, réforme du système d'imposition, de la justice, des États du Languedoc, ...
Toutefois on relève certaines nuances :
- Si l'article 1 du cahier du Vigan propose d'offrir des secours au Roi pour faire face aux dépenses de l'Etat et combler le déficit, le chier d'Aulas ne contient rien de tel. Sans doute les aulasiens estiment-ils qu'ils n'ont déjà que trop versé !
- Les articles 9 et 11 du cahier qui nous occupe visent une réforme profonde des habitudes et de la structure du clergé. On remarquera en particulier, l'idée de transformer religieux et religieuses en maîtres d'écoles.
Il suffit de se reporter à un tableau dressé un siècle plus tôt (A. D. du Gard, G. 1562) pour saisir la raison de ces deux articles. En 1688, Aulas comptait 47 anciens catholiques contre 1691 nouveaux convertis.
A l'Assemblée de la Sénéchaussée, tenue à Nîmes, Aulas avait un député en la personne de Louis-David Pelon, négociant. Au nombre des nobles figurait Charles-Philibert de Lascours de la Gardiole, chevalier seigneur de Lascours, capitaine au régiment du Dauphiné, Chevalier de Saint Louis.
Les idées de Luther et de Calvin furent assez vite connues en France. De 1536 à 1560 on note que pour une cause de religion un mouvement d'émigration se dessine vers Genève. Les colporteurs évitent les routes royales ce qui, d' après le Professeur Boisset, peut expliquer la diffusion de la réforme dans nos Cévennes. L'Eglise catholique perd de son influence et n'est plus qu'un bureau de l'Etat civil.
A Partir de 1557 des communautés religieuses se dressent en églises. Pour Aulas, un état des dépenses faites par l'Eglise pour leur pasteur depuis le 6 septembre 1560 indique par là même la date de sa fondation.
Le pasteur qui implante l'église est resté anonyme. Monsieur Charles Teissier du Cros pense à Tartas à qui fut confié le soin des visites des églises de la région Viganaise.
Deux autres noms sont mis en avant : Blaise Malet, qui se dirigeait vers Millau ou Jean Chassagion pasteur à Montpellier, qui dut peu après se réfugier au désert dans les Cévennes afin de fuir la persécution.
Les premiers pasteurs restent peu en ministère : 15 jours, 2 mois.
Le 16 septembre 1561 les Aulasiens écrivent à Genève pour solliciter un pasteur à demeure. Cette demande porte une trentaine de signatures.
Ce n' est qu'en 1562 qu'Aulas eu satisfaction avec la venue de Guillaume Héraut que Mercier ramène de Genève. Il ne reste que 10 mois. A nouveau nouvelle demande à Genève où l'on sollicite la nomination de Guillaume Abric originaire d'Arphy mais on envoie un pasteur de Béziers. Mais Montfaucon, baron d'Hierle, l'empoisonne et fracasse la communauté d'Aulas.
Les Aulasiens en appellent au pouvoir et Charles IX par lettre patentes du 18 mai rétablit le culte réformé à Aulas.
Des difficultés surgissent alors à Aulas et Bréau et cette dernière paroisse obtient sa séparation et n'eut qu'un pasteur à partir de 1619.
Mais à Bréau, le culte fut interdit et le temple rasé en 1664, mais il reste toujours 2 pasteurs pris en charge (un seul) par Bréau.
Au moment de la révocation DUBUC François de GANGES va se réfugier en Suisse, d'où il reviendra avec Claude Brousson.
Aulas possédait sa garnison de dragons. En 1691, BAS et Brousson se retrouvent à la Baume des ministres.
Lascours en 1686, Mouzoules, La Quinte. Mais également sur la Luzette, vers l'Aigoual et à Orgon. Le 10 septembre 1758 Synode national du Désert à la Luzette.
Les habitants d'Aulas ayant presque tous embrassé la réforme, le culte et la religion romaine furent interdits et l'église paroissiale de St Martin convertie en temple et servit jusqu'à la révocation, mais elle était dépourvue de cloche, lorsque l'administration décida de faire 2 cloches pour sonner le prêche et l'heure.
Convention fut passée avec un fondeur en 1597. Mais où sont les cloches d'antan ? Les archives communales sont muettes sur leur disparition.
Le second temple élevé sur l'emplacement des anciennes casernes où était logée une compagnie de dragons et qui fut consacré en 1810 n'avait pas de cloches.
Le temple actuel consacré le 28 mars 1840 fut pourvu d'une cloche pesant 147 Kg, achetée chez un fondeur de Montpellier au prix de 594,50 Frs.
Cette cloche mise en place le 19 décembre 1841 était une ancienne cloche du couvent dont on avait levé les inscriptions et elle a été vendue le 9 mars 1973 à l'église réformée d'Ardaillés, commune de Valleraugue au prix de 300 Frs.
La nouvelle cloche du temple d'Aulas fondue et mise en place en novembre 1871 pèse 509 Kg, et avec le mouton et les boulons ferrurés 829 Kg.
L'église initiale d'AULAS fut certainement bâtie par les moines.
La bulle donnée en faveur de l'Eglise de Nîmes par le Pape Adrien IV le 10 décembre 1156, recense l'église d'AULAS parmi les possessions du chapitre et jusqu'à l'époque de la sécularisation des chanoines de Nîmes et l'un d'entre eux, ordinairement le précenteur, portait le titre de Prieur d'Aulas.
La réforme s'introduisit à AULAS en 1557 et 1560, prêchée par Tartas venu de Genève. La presque totalité de la population d'Aulas se fit protestante, sauf quatre familles. La maison presbytérale fut démolie, l'église transformée on temple, et le service divin interrompu pendant près de 50 ans. En vain pour reprendre l'ancienne église et y rétablir l'exercice du culte catholique, monseigneur de Valernod, évêque de Nîmes fit preuve d'une grande énergie dans sa visite pastorale du 3 septembre 1611, malgré les insultes et les vociférations de la population protestante et des membres du Vigan et d'Aulas, l'évêque ordonna qu'en conformité des édits royaux, les clés de l'église soient remises entre les mains du délégué du chapitre de son antique possession et conforme à l'ordonnance épiscopale.
Les huguenots d'Aulas ne purent plus alors jouir de l'église et essayent à maintes reprises d'y empêcher l'exercice du culte catholique et finissent même en 1646 par la mettre hors de service, et la démolissent même en partie. Les pierres servent à paver les rues du village et furent même ernployées à la construction de maisons particulières.
L'église ne peut être reconstruite qu'en 1687 par ordre de l'intendant du Languedoc. Elle est de style roman et a trois nefs. Son clocher ogival fut construit en 1770 . En 1728, le lundi 11 octobre, Roussel le chef camisard y fut enfermé lors de son arrestation par les dragons, près des tombes de Falguière.
A la Révolution elle fut nationalisée. Des artisans en profitent pour s'y installer à l'intérieur. La chapelle de la Sainte Vierge servait de four. Lors de la restauration des peintures en 1812 ,on s aperçut que les murs nus attestaient de l'incendie de l'église même rendue au culte Le comité de surveillance d'Aulas présidé par le citoyen Dunal voulait que les catholiques y exercent leur culte de 6 à 12 heures et les protestants de 1 à 5 heures, Les protestants décidèrent d'aller en réunion au mas Guinet à un quart d'heure d'Aulas ils s'y rendirent jusqu'en 1870 après l'ouverte de leur premier temple.
Aulas fournit aux huguenots de nombreux soldats et même deux prophétesses (Gaubert d'Arphy et sa soeur Di Gaubertet).
En 1384 on comptait 17 feux. Au cours des âges la population avait augmenté par suite de l'élevage du ver à soie et de la fabrication des draps qui devint presque nulle au XVIIIe siècle.
Au début de ce siècle, une usine de Schappe (bourre de soie)et une usine de bas marchant bien, on entendait familièrement le clic-clac des métiers des débassaïres même dans leurs ateliers familiaux. Il y avait plusieurs boucheries. Avant 1914 on comptait plus de 10 cafés ou cercles. Il y avait aussi 2 fanfares politiquement aussi bien que religieusement divisées.
Il y avait aussi une école publique à 3 classes, et une école privée de filles longtemps dirigée par Mlle Milhau.
En 1970 l'école a perdu 28 élèves, l'effectif d'une classe. L'école accueille aujourd'hui les enfants d'Arphy qui a perdu son école en 1967.
Aulas en 1930 dénombrait plus de 1000 habitants.
La diminution de la population d'Aulas s'établit d'après les recensements suivants :
1946 : 486 habitants
1962 : 384 habitants
1968 : 308 habitants
1976 : 296 habitants
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